Partez à la découverte des vins de Savoie et du Bugey
La Savoie et le Bugey : des petites régions viticoles avec beaucoup de diversités !
La Savoie : les pistes de ski, le Mont-Blanc, les plats à base de fromage … et j’en passe ! Mais pas que ! Le vignoble savoyard ne fait pas partie des régions viticoles les plus connues de France mais fait tout de même partie des plus vieilles régions puisqu’on y cultive la vigne depuis 2 600 ans ! Durant le Moyen-Âge, les moines ont fait de la viticulture une activité majeure du Duché de Savoie. Entre le 16ème et 18ème siècle, les vignes migrent petit-à-petit des plaines vers les versants qui parfois allaient jusqu’à 1000m d’altitude ! Comme à son habitude, le phylloxéra fît des ravages lorsqu’il arriva en Savoie en 1877. Le vignoble savoyard faillit ne pas survivre. Quel dommage cela aurait été de le perdre …
Durant le 20ème siècle, dans la période d’après-guerre, le vignoble jouit d’un souffle de renouveau ! Le vignoble se modernise en ce qui concerne la culture et la vinification, par répercussion les rendements s’élèvent ainsi que la qualité. D’ailleurs, la viticulture y est pour beaucoup dans l’élaboration du paysage savoyard. Tout comme au Moyen-Âge, elle garde une place importante dans l’économie agricole locale puisque c’est la deuxième activité agricole de Savoie après la production de fromages.
Le vignoble et ses différentes parties :
Le vignoble est au pied des Alpes. Il est très morcelé à cause de la géographie de la région. Faire les vendanges n’est pas chose facile ! En effet, les vignes sont plantées sur des côteaux assez abruptes à environ 500m d’altitude. C’est pour ces raisons qu’il se découpe en plusieurs zones, en partant du nord au niveau du lac Léman vers le sud aux portes de Chambéry :
- Le Bas-Chablais : on y retrouve les appellations Ripaille, Marin, Marignan et Crépy et le Chasselas est très présent.
- La Côte d’Arve : il s’agit du vignoble qui longe l’Arve
- L’avant-pays savoyard : il est constitué par plusieurs zones qui sont la vallée des Usses, Seyssel et le vignoble autour du lac du Bourget (Marestel, Jongieux, Monthoux).
- La Cluse de Chambéry : il s’agit du vignoble au pied des Bauges entre Chambéry et Montmélian (Monterminod, Saint-Jeoire-Prieuré, Chignin, Chignin-Bergeron) et du massif de la Chartreuse (Apremont, Abymes).
- La Combe de Savoie : cette partie du vignoble savoyard longe la vallée de l’Isère (Montmélian, Arbin, Cruet, Saint-Jean-de-la-Porte)
Plusieurs appellations protègent le vignoble : AOC Vin de Savoie, Roussette de Savoie, Crépy et Pétillant/Mousseux de Savoie, ainsi que l’IGP Vins des Allobroges. Seyssel est une appellation partagée entre la Savoie et le Bugey. Quelle est donc sa particularité ? Il s’agit d’une ville séparée par le Rhône. Il y a deux mairies, l’une dans l’Ain et l’autre en Haute-Savoie. Aujourd’hui, des discussions sont en cours afin de fusionner les deux mais il reste une question importante : quel département choisir ?
Le Bugey, quant à lui, est situé entre le Jura et la Savoie. On y retrouve deux appellations : AOC Bugey et Roussette du Bugey. Que ce soit la Roussette de Savoie ou du Bugey, ce sont des appellations qui n’autorisent que le cépage Altesse.
Tout comme son voisin jurassien, la Savoie a un petit vignoble puisqu’il ne fait que 2 700 hectares dont 500 hectares qui constituent le vignoble du Bugey.
Le climat :
Le climat y est continental-montagnard. Les hivers sont rudes et les étés chauds. La Savoie est l’une des régions de France les plus humides, la vigne subit de fortes précipitations tout au long de l’année. Lorsque le vent du sud-ouest est présent, allié à de l’humidité, il met la vigne à rude épreuve. C’est pour cela que les cépages qui y poussent sont tous rustiques et résistants au froid et au gel car il peut y avoir jusqu’à parfois 100 jours de gel par an. La montagne ne fait pas de cadeaux !
La géologie :
Le vignoble savoyard repose sur un sous-sol calcaire des Préalpes. Cependant, la région regorge d’une diversité de terroirs différents.
Le massif du Bugey s’est formé à la même époque que celle du Jura. D’ailleurs, son point culminant est aujourd’hui l’un des plus hauts sommets du massif jurassien. Le Jura tient d’ailleurs son nom de la fameuse période à laquelle il s’est formé : le Jurassique. Et oui, le Jurassique ce n’est pas que la période où les dinosaures ont vécu ! C’est aussi la période où se sont formés bon nombre de massif que nous connaissons aujourd’hui. C’est à cette même période que s’est formé le massif des Alpes. D’ailleurs, saviez-vous pourquoi le massif jurassien a une forme de croissant ? Il s’est formé en évitant les Alpes, d’où sa forme de croissant.
Une diversité de cépages :
Les vins ont une typicité particulière entre autres grâce à leurs cépages. On en dénombre 25 dont toute une ribambelle de cépages oubliés. Quelle diversité pour une si petite région viticole ! Les plus connus et fréquents en rouge sont :
- La Mondeuse est savoyarde, bien rustique et habituée à la montagne ! C’est d’ailleurs pour cela qu’elle n’est autorisée que dans certains départements : l’Ain, l’Isère, la Savoie et la Haute-Savoie. On la retrouve aussi à l’étranger, notamment en Australie, en Californie et en Oregon. Quelle voyageuse cette Mondeuse ! Elle a failli disparaître au 19ème siècle à cause du phylloxera. Ce cépage produit des vins tanniques et riches, aux arômes de pruneaux, de fruits rouges (fraise, framboise, cassis, griotte) et d’épices.
- Le Gamay, le cépage emblématique du Beaujolais, mais avant ça de la Bourgogne ! Comme le Chardonnay et l’Aligoté, il descend du Pinot Noir. Son origine serait ancienne. En effet, on le mentionne pour la première fois dans les écrits au 14ème siècle. Pour la petite histoire, en 1395 le Gamay se fait chasser du duché de Bourgogne par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, par peur qu’il concurrence le Pinot Noir. Le Gamay a donc pris ses cliques et ses claques et est allé s’installer un peu plus au sud dans le Beaujolais. Aujourd’hui, il est présent un peu partout en France (Lorraine, Vallée de la Loire, Bugey, Savoie et Auvergne). Les vins à base de Gamay sont gourmands et fruités.
- Le Pinot Noir, sa renommée n’est plus à faire puisque c’est l’un des cépages rouges les plus connus dans le monde ! Il est utilisé en Bourgogne et en Champagne mais c’est aussi l’unique cépage rouge en Alsace. Il offre des vins d’une grande finesse avec une vaste palette d’arômes allant des fruits rouges aux notes de sous-bois en passant par le café et le chocolat. Il a donné naissance à de nombreux cépages comme le Melon de Bourgogne, l’Aligoté, le Chardonnay et le Gamay.
- Le Persan, ce cépage rare ! Savoyard d’origine en plus. En effet, il a d’abord été cultivé en Savoie avant de rejoindre la Vallée de l’Arc et la Drôme. C’est un cépage qui avait presque disparu et depuis une dizaine d’années il fait son retour, notamment dans la Combe de Savoie et en Maurienne, sa terre d’origine. Il donne des vins tanniques et riches aux arômes de violette et framboise.
En blanc, ce sont :
- L’Altesse est le cépage emblématique de la Savoie ! Son nom proviendrait du fait qu’il est proche du cépage hongrois “Furmint” qu’on servait à la table de l’empereur. C’est donc un vin qui était servi aux altesses royales. C’est ainsi que son nom est venu tout naturellement. La légende raconte que ce serait Anne de Lusignan (Princesse de Chypre et épouse de Louis Ier de Savoie) qui l’aurait ramené en Savoie. Ça tombe bien, l’Altesse aime les terrains pentus et est savoyarde d’origine. Parfois elle est prénommée Roussette car lorsque les baies d’Altesse arrivent à maturité, elles prennent une couleur rousse. L’Altesse donnent des vins secs et très aromatiques aux arômes exotique comme l’ananas, le citron, le miel ou encore l’amande. Ils font de très bons vins de garde.
- La Jacquère (aussi appelée Jacquière, Molette, Cugnette, Roussette ou encore Plant des Abymes) est cité dans les écrits pour la première fois au 13ème siècle. C’est le seul cépage cultivé dans le vignoble des Abymes, sur les éboulis du Mont Granier. Il confère aux vins de la légèreté, de l’acidité, de la vivacité et une belle tension. On retrouve des arômes floraux, d’agrumes voire de la minéralité selon les terroirs avec ce fameux goût de “pierre à fusil”.
- Le Chasselas, un suisse en Savoie ! C’est d’ailleurs le principal cépage blanc en Suisse. Habituellement, il est souvent cultivé pour en faire du raisin de table mais il est aussi très goûtu en bouteille ! Il donne des vins floraux, fruités et doux. L’expression “les bons vins se bonifient avec l’âge” est tout à fait adéquate pour le Chasselas puisqu’avec le temps il développera des arômes miellés. Longtemps catalogué comme un vin d’apéritif ou de soif, ce cépage fait d’excellents vins de garde.
- Le Bergeron (aussi appelé Roussanne dans le sud) ne pousse habituellement que dans le Rhône, mais en Savoie on le retrouve sur l’AOC Vin de Savoie Chignin. On y produit d’ailleurs des vins de caractère, à l’image du paysage savoyard montagneux. Il a des arômes floraux comme la citronnelle, mais aussi fruités d’abricot et de pêche ou encore miellés.
Dans le massif du Bugey, on produit aussi des vins rouges à base de Gamay, Mondeuse et Pinot Noir. Tout comme dans le Jura, le Poulsard (aussi appelé ploussard) est aussi présent. Il est originaire de Franche-Comté et est aujourd’hui le cépage rouge phare dans le Jura. Il est vinifié en blanc sur l’appellation jurassienne “L’Etoile”. Sa ressemblance avec les fruits bleutées du prunelier lui aurait donné son nom. Autrefois, on le vinifiait en rosé tandis qu’aujourd’hui c’est tout le contraire !
En cépage blanc, on retrouve bien évidemment l’Altesse et la Jacquère mais aussi le Chardonnay. Ce cépage bourguignon a une réputation des plus internationales. Il fait partie de la même famille que le Pinot Noir dont il est un descendant : la famille des Noiriens. Le Chardonnay a une forte capacité d’adaptation, à travers ses arômes il exprimera donc le terroir sur lequel il est planté.
En Savoie, on produit à peu près 70% de blanc, 20% de rouge, 5% de rosé et 5% d’effervescent. Les vins savoyards sont divers et variés mais ils s’exportent malheureusement peu à l’étranger. Le Bugey, contrairement à son voisin, se distingue non pas par ses blancs mais par ses effervescents qui représentent 60% de la production ! Les 40% restants sont répartit de la manière suivante : 17% de rosé, 13% de blanc et 10% de rouge.
Accordez les vins blancs de Savoie et du Bugey sur des poissons de lac (filet de perche, omble chevalier), des plats typiques de Savoie à base de fromage comme une bonne croziflette à la Tome de Beaufort, des viandes blanches (veau ou lapin). Tentez les vins blancs les plus caractériels et minéraux sur un tartare de bœuf, vous ne serez pas déçus. Les rouges iront parfaitement sur des viandes rouges ou des poissons à chair grasse comme le saumon.
En Savoie, nous travaillons avec le domaine Dupasquier et dans le Bugey avec Alexis Balivet.
Nous remercions La Carte des Vins S’il vous plaît pour ses cartes.
Retrouvez-les sur le site : https://www.lacartedesvins-svp.com/